26.10.06

PREMIERS EMOIS (LITTERAIRES)

Nous étions quelques uns à avoir quitté l'école de bonne heure, mais pas dépourvus pour autant de curiosité artistique ou littéraire. Certaines de nos découvertes, nous les dûmes à des artistes de rock. En nous précipitant sur le premier livre de John Lennon, In his own write (En flagrant délire dans la traduction française de Christiane de Rochefort et Rachel Mizrahi), nous sommes tombés, dans la préface je crois, sur une allusion à l'oeuvre de Boris Vian. En ce qui me concerne ce nom me renvoyait à la chanson Le déserteur que le trio Peter, Paul and Mary avait enregistré, mais pour le reste ce bonhomme me paraissait a priori à peu près aussi rock'n'roll que Juliette Gréco ou Mouloudji qui n'étaient pas à l'époque ma cup of tea. La lecture de l'Ecume des jours fut un vrai bouleversement pour notre petite bande, suivie de celle de l'Automne à Pékin et de Vercoquin et le plancton. Sans nous vanter je crois que le bouche à oreille que nous déclenchâmes autour de ces bouquins ne fut pas étranger au brusque engouement qui se déclencha peu après et qui conduisit dare-dare à la réédition de la plupart de ses romans et recueils poétiques.


Autre découverte pour nous béotiens ébahis fut celle des poètes et romanciers de la beat generation à laquelle ne fut pas étrangère l'arrivée sur les radios et dans les bacs de Dylan, Joan Baez (sans oublier le côtoiement de Lima, ni même Antoine ou les beatniks d'opérette qui faisaient le décor au Palladium). J'ai encore dans ma bibliothèque La Poésie de la beat generation parue en 1965 chez Denoël, qui fut à ma connaissance la première anthologie de ce mouvement littéraire éditée en France.


2.10.06

MODS OU ROCKERS?

Si, chez beaucoup d'entre nous, la passion du rock s'était installée avec la découverte des pionniers, essentiellement américains, c'est l'irruption de la scène britannique qui a véritablement façonné nos goûts et notre style de vie de l'époque. Pour ma génération l'arrivée des Beatles, Stones et autres Who survenait à un âge (15-16 ans) où nous ne nous contentions plus de l'écoute de Salut les Copains mais où nous commencions à « sortir ». Nous n'avions pas connu le Golf Drouot des Chaussettes Noires, celui où nous faisions nos premiers pas résonnait encore des chansons d'Eddie Cochran ou de Gene Vincent mais les groupes qui s'y produisaient étaient de plus en plus influencés par la musique qui venait du Royaume Uni. Les références musicales à Chuck Berry ou Bo Diddley étaient fortes mais leur impact était renforcé par l'interprétation qu'en donnaient ces nouveaux arrivants.

Nous n'avons pas connu chez nous les affrontements de masse entre mods et rockers dont la presse anglo-saxonne faisait ses choux gras. Nous appartenions à un club dit « des Rockers », fondé par notre aîné de quelques années Jean-Claude Berthon mais sur nos crânes la frange avait très vite remplacé la banane et notre style vestimentaire s'inspirait sans équivoque de celui des mods. Quelqu'un a inventé le terme de « mockers » qui nous décrit assez bien. Ceux qui restaient fidèles aux codes vestimentaire et capillaire du rocker old school ne nous appréciaient guère et nous traitaient de « pédés » à l'instar de la masse des français moyens. Et de surcroît, pour la plupart d'entre eux leur goût pour le rock englobait une admiration sans borne pour un artiste tel que Johnny Hallyday. Cela établissait entre eux et nous un fossé totalement infranchissable. Leur confusion fut grande le jour où, à l'occasion d'un de ses nombreux come back, Vince Taylor lui même, l'icône des puristes, se présenta sur la scène du Golf vêtu comme un Rolling Stone et arborant cheveux longs, frange et catogan.
Hormis le look l'apport principal des mods à notre culture fut l'ouverture à la soul music américaine Atlantic - Stax - Tamla.